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Sortie définitive de la Tunisie de la liste grise du GAFI : Place maintenant à la rentabilisation

Grâce à sa réussite à quitter en un temps record la liste grise du Gafi, la Tunisie est aujourd’hui en mesure de sortir sur le marché international en toute transparence et assurance

Dix-sept mois après son placement dans la liste grise « des pays sous surveillance » du Groupe d’action financière (Gafi), la Tunisie a pu, finalement, s’en sortir. C’est à l’issue d’un travail intense effectué en étroite collaboration avec les diverses structures concernées, avec à leur tête la présidence du gouvernement et la Banque centrale, que la Tunisie a définitivement quitté ladite « liste grise ». Une conférence de presse a été tenue, à cet effet, hier par le gouverneur de la Banque centrale Marouène Abassi, en présence des ministres des Finances et de la Justice, du secrétaire général de la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf), Lotfi Hachicha, et de l’ancien conseiller économique auprès du chef du gouvernement Fayçal Derbal pour parler du processus suivi par les départements concernés qui a abouti à cette réussite.

Si la Tunisie a réussi cette prouesse qu’est sa sortie de la liste grise de l’Union européenne, au moment où elle en a besoin le plus, c’est qu’elle doit cette réussite à la formidable cohésion dont a fait montre, exceptionnellement, l’administration tunisienne. Un point qui a été mis en exergue par tous les intervenants, notamment Marouène Abassi, qui a valorisé le fort engagement de toutes les structures chargées du dossier, notamment la présidence du gouvernement, qui n’a pas tardé, selon ses dires, à mettre en place un comité ad hoc pour redresser la barre et remettre la Tunisie sur les bons rails et emboiter le pas aux économies transparentes. « Lors de mon récent déplacement à Washington, nous avons remarqué que le retour de la Tunisie sur le marché international, avec davantage transparence, a redonné confiance aux investisseurs étrangers au site Tunisie », a déclaré Abassi. Il a expliqué que la sortie de la Tunisie de la liste grise permettra, dans la prochaine période, d’accroître son attractivité d’investissement. Il a ajouté que cette réussite permettra à la Tunisie de sortir sur le marché international en toute transparence et contribuera à attirer des investissements de longue durée.

Aligner l’arsenal juridique aux standards internationaux

S’exprimant sur l’effectivité du travail qui s’est étalé sur 17 mois, soit depuis le listage de la Tunisie dans le groupe des « pays sous surveillance », le ministre de la Justice, Mohamed Karim Jamoussi, a souligné que tout un arsenal juridique a été élaboré et adopté dans l’objectif d’aligner le cadre réglementaire régissant la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent aux standards internationaux. A ce titre, Jamoussi a, principalement, cité l’adoption de la loi organique relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent et la mise en place du registre national des entreprises et du centre national du registre des entreprises dont la durée de mise en place n’a pas dépassé les 90 jours. « Un temps record », selon le ministre de la Justice. En outre, il a précisé que malgré sa sortie définitive de la liste grise, la Tunisie, en l’occurrence le prochain gouvernement, est appelée à poursuivre les efforts déjà déployés en vue de maintenir la transparence financière.

De son côté, Ridha Chalghoum, ministre des Finances, a souligné que la Tunisie a de tout temps adhéré au processus de lutte contre le terrorisme dans lequel s’est engagée la communauté internationale. Cependant, elle n’a pas entamé la nouvelle génération de réformes qui ont été adoptées par la communauté internationale. Et c’est ainsi qu’elle a été placée parmi les pays sous surveillance. A cet égard, le ministre des Finances a expliqué que le système d’information dont est doté le système bancaire et financier d’une manière générale était, majoritairement, le maillon faible qui était, principalement, à l’origine du listage de la Tunisie. « La sortie de la Tunisie de la liste grise est une confirmation que notre pays ne sera pas une plateforme de blanchiment d’argent. L’investissement dans la transparence est un investissement à bénéfices. Cela va se répercuter également sur le placement de la Tunisie dans le Doing Business mais aussi sur son rating », a-t-il souligné. Par ailleurs, Chalghoum a précisé que le cadre réglementaire régissant la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent ainsi que les standards internationaux est en continuelle mouvance, nécessitant de ce fait une forte capacité d’adaptation et des dispositions à réagir instantanément face aux évolutions des standards internationaux.

Un plan d’action échelonné sur 17 mois

Fayçal Derbal, qui a suivi le dossier depuis le placement de la Tunisie dans la catégorie des pays sous surveillance, a fait savoir que le comité actuel en charge du dossier poursuit son travail, surtout que la 5e directive européenne entrera en vigueur le 10 janvier 2020.

De son côté, Lotfi Hachicha, secrétaire général de la Ctaf, a détaillé le plan d’action qui a été mis en place et qui a abouti à la sortie définitive de la Tunisie de la liste grise. C’est un plan qui s’est étalé sur 17 mois, dont l’exécution a commencé en novembre 2017. Echelonné sur 9 principales étapes, ce plan a permis à la Tunisie de fournir un rapport sur les avancements réalisés en la matière tous les trois mois.

Par ailleurs, les membres de la Ctaf ont affirmé que depuis 2017, le nombre des déclarations de soupçon par an a considérablement augmenté pour passer d’environ 250 à plus de 600. « Ce qui dénote une prise de conscience observée au niveau des acteurs du système financier, qui est due à son tour aux efforts de sensibilisation que nous avons déployés à cet effet », assène-t-on.

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